D’une préoccupation insignifiante (1861) à une surveillance indispensable (1934)
S’il est un continent social de l’histoire des chemins de fer fort méconnu, c’est celui des services médicaux des réseaux. Quelques médecins se sont engagés dans la détection des daltoniens, agents en fonction, roulants ou non, ou candidats à un emploi au chemin de fer, dans la mesure où leur vision des signaux engageait la sécurité de l’exploitation. Au doute initial sur l’intérêt de contrôler les agents, succédera en 1934 avec le nouveau code Verlant des signaux une impérative surveillance, imposée à tous les réseaux et basée sur des procédures enfin unifiées.
Des signaux et trois couleurs : rouge, vert et blanc
Constituée à la suite de graves accidents d’exploitation survenus en 1853, une commission allait rendre public en 1858 un copieux rapport, faisant état de toutes mesures prises par les compagnies pour assurer la sécurité des circulations sur leurs réseaux. La question des signaux ne pouvait pas échapper à cet inventaire1 :
« Il est regrettable que les compagnies n’adoptent pas, pour tout ce qui concerne la sécurité publique, une espèce de langue universelle, des signes identiques parlant aux yeux de tous et qui, rapidement compris et appris, pourraient prévenir de nombreux accidents, surtout aux passages à niveau et aux stations. Ainsi, aujourd’hui le système des disques à distance étant universellement adopté, tout le monde sait que lorsque le disque présente la couleur rouge, perpendiculairement à la voie, c’est qu’il y a un obstacle sur la ligne et que le train doit s’arrêter. En est-il de même, lorsqu’on voit sur une ligne un agent au port d’armes, un autre agent déployant un drapeau blanc, agitant un drapeau vert ou rouge ? Évidemment non, et comme il n’y a aucune espèce d’avantage, et qu’il peut y avoir des inconvénients à tenir le public dans l’ignorance des moyens adoptés pour le sauvegarder du danger, la commission émet le voeu que l’Administration ramène toutes les compagnies à l’uniformité des signaux. Cette uniformité aurait encore