Cet article est une analyse rétrospective fouillée sur la décision de réouverture de la voie ferrée Tours – Chinon fermée le 28 septembre 1980. En 1982, son auteur, Jean-Marie Beauvais, qui vient de créer son bureau d’études (Beauvais Consultants), se voit confier, par le conseiller général Yves Dauge, la réalisation d’une étude sur les déplacements dans le Chinonais.
Près de 40 ans plus tard, devenu président de l’Association pour le développement des transports collectifs en Touraine, il s’interroge sur les raisons qui font que cette ligne a été rouverte en janvier 1982. Plus largement, il cherche à expliquer le choix des quatre « lignes Fiterman » alors réouvertes : critère technique, ou économique, ou démographique ? Poids et couleur politiques des acteurs locaux ? Sa démarche d’historien, fondée sur diverses archives (privées, municipales de Chinon, départementales d’Indre-et-Loire et Archives nationales) ainsi que sur une dizaine d’entretiens, aboutit à une enquête qui ne peut qu’intéresser les lecteurs d’Historail. Elle est parue dans la revue universitaire Flux (avril-septembre 2019), que nous remercions de nous autoriser à en reproduire ici une version un peu allégée, mais revisitée et illustrée.
La fermeture de Tours – Chinon, en septembre 1980, s’inscrit dans la continuité d’une politique nationale presque ininterrompue de fermetures depuis la fin des années trente. Juste avant la seconde guerre mondiale, la SNCF avait fermé 10 000 km de lignes sur un total d’environ 42 000 km.
Après-guerre, les fermetures ont porté sur plus de 8 000 km supplémentaires (voir tableau 1). En 1974, la politique de fermetures est reconsidérée notamment à la suite du premier choc pétrolier (octobre 1973) et de la hausse du prix des carburants qui a suivi, rendant les trajets en voiture plus coûteux.
Située sur l’ancienne ligne de chemin de fer reliant Tours aux Sables-d’Olonne, la gare de Chinon est aujourd’hui desservie par les trains TER Centre à raison de huit allers/retours quotidiens en moyenne entre Tours et Chinon, qui en est le terminus. Le trajet dure 45 minutes. Cette desserte ferroviaire est complétée par une liaison Loudun ↔ Thouars par autocar TER Nouvelle-Aquitaine.