Prenons le temps d’évoquer un point singulier quant au destin particulier réservé à une des maisons du hameau d’Avouac au moment de la construction de la ligne et qui était bâtie exactement à l’emplacement de la future tranchée. Donc, sans doute par voie de conséquence et sans surprise, elle a logiquement été démolie. Mais voilà, cette maison démolie n’était pas une maison comme les autres, c’était la maison de « la béate » ! Très nombreuses au XIXe siècle en zones rurales dans les hameaux des régions du Velay, du Forez, de l’Ardèche, de la Haute-Loire et alentour, les béates étaient des femmes célibataires dont le rôle était d’éduquer et donner une instruction religieuse aux enfants (apprendre le catéchisme) et des cours de dentelle aux jeunes filles, la technique de celle du Puy ! Elles n’appartenaient pas à un ordre religieux, c’étaient des laïques qui vivaient de la générosité des villageois.
La maison de la béate est petite, basse. Sur le pignon du bâtiment se trouve un clocheton surmonté d’une croix. La béate habite à l’étage, et le rez-de-chaussée sert de salle de classe et d’assemblée. Sa maison est aussi appelée « maison d’assemblée ». Le soir venu, les villageois s’y rassemblaient pour y passer la veillée.
Ainsi, détruite par la tranchée couverte de la ligne du Puy à Nieigles-Prades, il était impensable que la maison de la béate ne soit pas immédiatement reconstruite. Ce qui fut fait : déplacée et reconstruite ! Où ? Eh bien… tout simplement à côté de son emplacement précédent. La maison de la béate d’Avouac est facilement identifiable depuis la plateforme de la voie grâce à sa petite cloche et à sa croix sur la toiture… Son passé sera à jamais lié à celui de la Transcévenole.