L’ingénieur Ybry (1846) et l’imprimeur Motteroz (1856) sont tombés dans l’oubli, c’est pourtant eux qui ont mis au point les graphiques de circulation des train. Outil opérationnel de planification horaire des trains au jour le jour, la modélisation graphique des circulations ferroviaires, heures en abscisse, position kilométrique des trains en ordonnée, est née en France en 1846, puis perfectionnée en 1856. Il aura fallu toutefois un grave accident pour accélérer l’accouchement de cette invention bien cartésienne.
Jusqu’à peu de temps, à la SNCF, informés en temps réel de la situation des trains par une liaison téléphonique permanente avec les agents des gares, les régulateurs, règle et crayon en main, travaillaient à faire coller au mieux les circulations effectives des trains avec le graphique des circulations théoriques placé à hauteur d’yeux. S’il a fallu attendre 1919 pour que soit adopté en France ce métier de régulateur pratiqué communément aux États-Unis (dispatcher), le graphique théorique des circulations déroulées sur 24 heures sur chaque ligne était un outil fort utile, le fruit d’horairistes planifiant l’ensemble des trains de voyageurs et marchandises, réguliers et facultatifs, de manière à concilier les horaires et correspondances des circulations avec leur sécurité.
21 mars 1846, accident sur la ligne de Paris à Rouen
Ce jour-là, un grave accident a lieu, ainsi relaté à chaud1 :
« Un train spécial avait été mis, le 21 courant, à la disposition de MM. les députés qui se rendaient au Havre comme membres de la commission chargée de l’examen du projet de loi relative aux fortifications de cette ville.
« Un ordre de service, adressé la veille à tous les agents de l’exploitation qui en avaient accusé réception, annonçait le passage de ce train spécial pour que les dispositions prescrites en pareil cas fussent observées et la voie tenue libre sur toute l’étendue de la ligne.