La responsabilité discutable des cheminots dans les accidents survenus au cours de la Grande Guerre
Les nombreux et graves accidents survenus sur les réseaux du Nord et de l’Est au cours de la Grande Guerre sont bien des révélateurs des conditions extrêmes de travail des cheminots, confrontés à une « exploitation intensive » et à une double autorité militaire et civile. Leur incrimination en vertu de règlements toujours transgressés sera coutumière devant les conseils de guerre… Même lorsque c’est la technique, réputée a priori infaillible, qui peut s’avérer en défaut, tel le block-system1.
L’effort de guerre réalisé par les cheminots doit être mesuré à l’aune de la pénurie du matériel et de ressources humaines, rapporté aussi à l’exploitation intensive des réseaux du Nord et de l’Est. Rappelons que le Nord a perdu 48 % de ses lignes, contrôlées par les Allemands et que 12 000 de ses cheminots ont été retenus ou fait prisonniers dans la zone occupée. Sur l’Est, la gare régulatrice (GR) de Noisy-le- Sec va devenir la plaque tournante d’un trafic intensifié lors des opérations militaires.
Des conditions exceptionnelles d’exploitation
Alors qu’il circule sur le réseau de l’Est de 30 % à 40 % de trains de plus qu’avant 1913, « l’urgence et la masse énorme des transports à effectuer en guerre poussent à appliquer