Le 6 avril 1917 marque l’entrée des États-Unis dans le premier conflit mondial. Au mois d’août suivant, les Américains vont débuter le déploiement d’une logistique titanesque destinée à soutenir les forces alliées. Mais au préalable, deux hommes du futur Transportation Corps sont chargés de préparer l’infrastructure nécessaire au débarquement et à l’acheminement des troupes et du matériel vers le front : le colonel William J. Wilgus assisté de l’ingénieur Louis A. Jenny. Ce dernier est l’auteur de l’article « Transportation Engineering, AEF » publié dans « The Military Engineer » n° 130 de juillet-août 1931, traduit et adapté ici.
Le 1er juin 1917, alors que l’auteur* se rendait en France sur le navire à vapeur Baltic, en tant que membre du premier Corps expéditionnaire américain du général Pershing, il fut informé par le colonel Harry Taylor, officier mécanicien en chef de l’American Expeditionary Forces (AEF), que, puisqu’il était le seul ingénieur des chemins de fer de l’expédition, il lui appartiendrait de fournir les installations portuaires et ferroviaires nécessaires à l’armée américaine en France. Avant d’accoster à Liverpool le 8 juin, de nombreux croquis de quais et de gares avaient été réalisés et des listes de matériels provisoires avaient été élaborées sur la base d’un ravitaillement de 75 000 hommes. Trains et autres exigences de transport ont également été pris en considération. Personne n’aurait pu prévoir quoi que ce soit comme la tâche prodigieuse qui nous attendait à notre arrivée en France. Le projet initial était d’envoyer en France environ 50 000 à 75 000 hommes en peu de temps et d’augmenter ce nombre à 500 000 hommes si nécessaire. La nécessité, bien sûr, s’est fait sentir et de grands contingents de troupes au rythme d’environ 300 000 hommes par mois sont arrivés avant que nous ayons eu l’occasion de préparer leur accueil et leur transport. Un tel programme sans précédent a nécessité une grande force humaine pour planifier et construire des installations portuaires et ferroviaires à une échelle jamais tentée auparavant dans l’histoire de l’humanité. Le Transportation Corps atteignit une force d’environ 49 000 hommes vers la fin de la guerre.
La section du front devant être occupée par les forces américaines était principalement déterminée par la disponibilité des lignes de transport,