Le souvenir des 2D2 9100 est resté vivace chez les roulants qui les ont conduites, comme ceux des voyageurs qui les ont vues en tête de leur Mistral. Le design soigné de ces machines dû à Jacques Defrance et la puissance qu’elles inspirent méritent la considération. Aujourd’hui, une association veille sur l’une d’elles, bien à l’abri sous la rotonde de Laroche-Migennes. Trop discrète, nous l’avons sollicitée pour vous présenter son histoire…
Au-delà du look et de la puissance de ces 2D2, il convient de rappeler les conditions exceptionnelles de la conduite de ces lourdes bêtes de somme à manoeuvrer – des « boeufs » – depuis une cabine bien peu confortable, bruyante et traversée de courants d’air…
Construite à Fives-Lille et passée par l’usine de la CEM du Havre, la 2D2 9135 est la seule rescapée d’une série de 35 machines de vitesse étudiées pour l’électrification de la ligne Paris – Lyon au début des années 50. Elle est directement dérivée des 2D2 PO type 5500 et État type 5400. Alimentée en 1 500 V, elle a une puissance continue de 3 687 kW et une puissance unihoraire de 4 085 kW, une vitesse limite de 140 km/h. Longue de 18,080 m, elle pèse 144 t, avec une masse adhérente de 88 t. Mise en service au dépôt de Paris-Lyon le 31 juillet 1951, elle a terminé sa carrière le 30 avril 1987 au dépôt de Lyon-Mouche, après avoir parcouru 7 208 176 km. Au cours de sa carrière, elle a sillonné l’artère impériale en tête de tous les types de trains. Devenue depuis son retrait du service la propriété de l’AFCL, elle fait l’objet d’un dossier auprès du ministère de la Culture en août 1988, pour être soumis à la commission supérieure des Monuments historiques, avec succès : par arrêté du 27 mars 1990, la 2D2 est classée Monument historique avec la 2D2 5525 radiée le 31 décembre 1980.