Depuis longtemps on faisait usage, en Angleterre, de chemins garnis de bois pour le roulage des mines. Ces chemins différaient peu de ceux des mines d’Allemagne ; seulement les applications étaient faites plus en grand. Les chemins de fer ne sont qu’un perfectionnement de ceux-là. Il y a une trentaine d’années qu’ils ont été proposés par M. John Carr, ingénieur civil à Sheffield.
Ils ont été adoptés finalement en Angleterre, pour les petites comme pour les grandes exploitations. Cet usage n’est point borné aux mines et aux usines : on voit de ces chemins sur les quais, dans les ports, jusque dans les cours et dans les magasins des négociants. Il y en a qui se montent et se démontent à volonté pour les travaux éventuels, pour le transport des matériaux, pour les terrassements, les déblaiements, pour la construction des ponts, des routes, le creusement des canaux, etc. Les chemins de fer sont uniquement destinés à des transports réguliers, et pour une entreprise déterminée. Les voitures ordinaires ne pourraient point y passer. On en place sur des échafaudages et sur des espèces de digues, pour traverser les vallées.
Ces chemins ont été considérablement perfectionnés, et peut-être nulle part ne le sont-ils autant que dans les environs de Newcastle, à raison de leur grand emploi pour le service des mines de houille. On peut compter un développement de 75 lieues de ces chemins établis au jour, sur un territoire de sept lieues de long et de quatre de large. Il en existe autant sous terre, ce qui forme un développement total de 150 de nos lieues. Tous les chemins au jour partent des mines, et aboutissent au Tyne ou au Wear, deux rivières portant de gros navires marchands jusqu’à plusieurs milles de leur embouchure dans la mer.